Monday, February 14, 2005

La Chine

La Chine s’ouvre, c’est la bonne nouvelle.
Mais tout n’est pas rose…

Je regardais aujourd’hui Thalassa qui presentait un reportage sur ces Chinois qui ramassent des coquillages en Angleterre. Certains d’entre eux sont morts noyes il y a quelques mois, et ce drame met en perspective les problemes que posent la politique economique chinoise.

Un de ces chasseurs de coquillage expliquait qu’il avait 2 hectares dans son village, qui lui suffisait pour vivre et faire vivre sa famille. Un jour le gouvernement a decide de construire un aeroport et a confisque le champ de ce paysan. Bien sur, il a recu une compensation monetaire. Mais cette compensation a ete distribuee par le gouverment central, qui l’a donne au chef de region, qui l’a transmise au chef de canton, qui l’a remise au chef de village, qui l’a finalement verse au paysan. Sauf qu’a chaque etape, chacun avait pris une commission sur le montant, et que donc il ne restait plus grand-chose a la sortie. Le paysan n’ayant plus de champ, plus d’argent et pas de quoi se nourrir ou nourrir sa famille, a du quitter le pays pour rejoindre un de ces pays de l’Ouest ou tout est possible.
Et voila donc ce paysan ramassant des coquillages dans le froid du Nord de l’Angleterre, et partageant une chambre avec 10 autres illegaux pour rembourser son passage et tenter de survivre avec ce qu’on veut bien lui donner. Le tout avec un marche du coquillage qui paye 15 euros des sacs de coquillages qui sont achetes le double quand les ramasseurs sont Anglais…

Bref, il y a d’un cote une Chine moderne, avec une infrastructure du dernier cri, et des ingenieurs brillants qui ne coutent qu’un quart de leur pairs americains. Et puis il y a le « collateral damage », des paysans ou des mineurs sacrifies pour l’interet du plus grand nombre (on l’espere) ou peut etre pour celui d’une elite qui compte parmi elle les gens les plus riches du monde (le top 10 des fortunes dans le monde compte en effet quelques chinois).

Avec tout ca, on se donne bonne conscience en se disant que l’ouverture de la Chine va quand meme contribuer a enrichir une certaine classe moyenne, qui ne pourra pas s’empecher de rever de jours meilleurs, et que donc sur le long terme, c’est sans doute la democratie qui prevaudra. Mais il y a aussi parfois le doute, l’idee qu’en travaillant la-bas, je cautionne une methode de gouvernement honteuse dans laquelle le respect de l’individu n’est pas vraiment en premiere place.

A cote de ca, il y a l’Inde, qui prospere aussi avec l’offshoring, mais ou les methodes sont un peu plus democratiques. On est content d’y trouver de la main d’œuvre pas chere, et on regrette que l’infrastructure ne soit pas toujours a la hauteur des images diffusees : j’ai connu Bangalore, la Silicon Valley de l’Inde, avec des coupures d’electricite 2 fois par jour. Du jamais vu en Chine…
Mais j’ai aussi ete rassure de savoir que l’explication de ces problemes vient du fait que les decisions d’infrastructures sont prises par des elus qui sont obliges de tenir compte de l’opinion des paysans locaux, qui restent une majorite qu’ils ne peuvent pas contourner. Et finalement je me dis que je prefere peut etre subir ces coupures d’electricite plutot que de savoir que l’infrastructure moderne dans laquelle je fonctionne est fournie au detriment de paysans et de mineurs qui ont ete condamnes d’office a la cause de la croissance economique.

La conclusion de cette reflexion est que malheureusement il n’est pas facile de trancher sur la question. Ignorer la Chine au profit de l’Inde, c’est se priver d’une opportunite de changer les choses la ou il y en a le plus besoin. Mais travailler avec la Chine, c’est aussi sacrifier des vies, a l’exemple de ce qui arrive au ramasseurs de coquillages du Nord de l’Angleterre.
Comme je suis plutot partisan de l’action, je crois qu’en final je prefere aller en Chine pour y faire bouger les choses. Et puis il faut essayer de faire que les pays d’acceuil des refugies economiques chinois assurent. C’est le probleme plus general de l’immigration clandestine, et du travail des illegaux, un autre vaste debat…

Friday, February 11, 2005

Chassez le web, il revient au galop

Les weblogs ne sont rien d’autre que les websites des premiers jours mis a la portee d’un plus grand nombre. La bulle a explose, mais l’internet a continue de grandir, et le nombre d’internautes avec. Et malgre les premieres experiences ratees, certains concepts ont survecu, et de nouveaux sont apparus. Il y a eu consolidation du marche, avec des grands vainqueurs comme Amazon ou Yahoo. Et puis il y a eu Google, avec une autre approche pour gerer la surabondance des informations et documents disponibles, jusqu’a la rendre abordable pour tous, et puis aussi il y a eu les Blogs.

Les weblogs sont utilises aujourd’hui beaucoup a des fins egocentriques, avec tout un etalage de deprimes et de miseres qui font froid dans le dos, mais aussi pour faire du RP, une facon de pousser l’info vers une audience d’internautes qui a l’opportunite de repondre et engager un vrai dialogue. Moveon.org a par example utilise ce concept pour debattre des actions a mener pendant la campagne electorale aux US (Action Forum). Dean s’est aussi rendu fameux grace a son blog.
Avec ces nouveaux outils de communication, et les possibilites qu’ils ouvrent de donner du pouvoir a des communautes qui etaient auparavant releguees au rang de « marginales », on se prend a rever de nouveau de nouvelle economie, de « revolution » politique et sociale.

La premiere version du web avait un focus commercant, on y a vu l’apparition des webstores, du B2B.

La deuxieme version du web a maintenant un focus social, centree sur les communautes, et la mise en valeur de l’individu, meme si il reste encore noye dans la masse.
Reste a savoir si il y a vraiment assez de « disruption » pour changer la facon dont le monde fonctionne, ou si on va retomber dans les meme schemas meme si ils s’appuient sur ces nouvelles technologies.

Prenons le cas du journalisme : les blogs permettent a un journaliste (ou would-be journaliste) de produire du contenu facilement. Si le contenu est bon, les visiteurs devraient finir par venir et il sera peut etre possible de generer un vrai revenu sur la base de pubs ou de donations.
Mais comme nul n’est expert dans tous les domaines, il reste un besoin de faire une aggregation des points de vue interessants ou des nouvelles importantes. Ce travail de triage peut etre fait par un individu ou un groupe, mais on prend le risque qu’il soit partial, ce qui nous ramenerait au systeme existant. Ou bien il peut etre fait de facon automatique, sur une base du nombre d’acces au « post » et/ou autres criteres techniques (mots cles, referencement vers ou depuis d’autres sites, etc…). C’est comme ca qu’est genere la page « Google News ».

Aujourd’hui je vois des experiences pour essayer d’etablir un modele, un mode de fonctionnement avec un mode de revenu viable, mais pas encore de systeme qui ai fait ses preuves. Les paris sont donc ouverts : evolution ou revolution ?

L'entreprise de demain?

Serait-il possible de faire evoluer l'entreprise?:

Premiere constatation :
Avec les elections aux Etats-Unis, on a vu le pouvoir des weblogs et des mouvements « grass root » (au moins pour ce qui est de se faire entendre). Je pense que le meme genre de phenomene peut etre exploite pour changer la facon dont les entreprises fonctionnent. Non pas pour le plaisir de changer, mais pour ameliorer un systeme existant qui n’encourage pas toujours forcemment l’epanouissement des employes en tant qu’individus et qui parfois autorise les derives qu’on a pu voir avec des societes comme Enron ou MCI.
Je vois autour de moi des concepts ou des projets interessants comme Media Venture Collective (http://www.mediaventure.org/).
Meme si je suis pas convaincu que le modele MVC puisse marcher tel quel, je pense que les phenomenes comme l’open source et les weblogs ouvrent des portes pour repenser les modes de fonctionnement de l’entreprise.

Deuxieme constatation :
Avec l’internet, le VoIP il est possible de travailler de n’importe ou dans le monde avec n’importe qui n’importe ou ailleurs sur la planete. Je travaille regulierement avec la Chine depuis SF, sur des projets qui impliquent des gens en Irlande et en France. Nous communiquons par « conference call », echangeons les docs par email ou sur grace a des systeme de collaboration plus evoluer. Je recois mes messages telephoniques et mes fax sur mon email donc je n’ai meme pas besoin d’etre a mon bureau pour fonctionner. Une salle d’attente d’aeroport avec Wifi suffit. Donc le concept de frontiere dans le cadre d’un projet donne n’existe plus vraiment, meme si les problemes legaux lies a une localization ou une autre eux existent toujours.

Avec tout ca, j’ai le reve utopique de monter une entreprise composee d’elements (employes, management team, board, investisseurs) qui seraient recrutes sur une base de valeur ajoutee qu’ils apportent et independamment de leur localization. Et puis cette entreprise pourrait etre geree grace justement aux outils de communication disponibles aujourd’hui, sur une base de weblogs et de sondages qui permettraient de remonter les informations de facon plus efficace.
Et puis comme nous sommes dans l’Utopie, et un peu comme le propose Media Venture Collective, cette entreprise aurait une charte ethique orientee vers une recherche d’une valeur qui ne serait pas seulement economique, mais aussi sociale. Apres le capitalisme pur, un retour vers des valeurs plus durables...